L'origine des Lafarge, du Xème au XXème siècle, 1000 ans d'histoire du Cantal à Paris.







Au début du Xème siècle, la Lorraine, l'Alsace et la Bourgogne supportent les infiltrations sauvages de hordes hongroises qui sont refoulées par les pays germaniques.

Les massacres précèdent les pillages et les incendies. Les châteaux défendus par leurs remparts résistent aux barbares, ainsi que quelques cités récemment fortifiées. Mais les habitations isolées, les villes et les villages ouverts sont saccagés, les forêts et les récoltes brûlées, le bétail sacrifié et les puits comblés...

Prêtres, nobles bourgeois et vilains implorent le secours du pouvoir suprême: le roi des francs, Raoul, répond à cet appel. Il rassemble une armée et inflige une sévère défaite aux Hongrois, dont le plus grand nombre reflue en direction de l'Est.

Les autres, égarés, pourchassés, fuient le Sud et le Centre de la France.

En 937, certains de ces barbares, perdus, épuisés, désirent s'arrêter et vivre en paix. Ils tentent de s'implanter dans le compté d'Auvergne.

Mais les populations sont terrorisées par le renom de sauvagerie des Hongrois. Leur aspect contribue à cette mauvaise réputation: taille petite, visages osseux, anguleux, avec les pommettes saillantes; teint mat, un peu jaunâtre; les yeux noirs, largement fendus "en amandes", surmontés de sourcils épais; cheveux bruns, raides, brillants; le geste vif... "de véritables démons sortis de l'enfer" disent les autochtones chrétiens, grands blonds ou roux aux yeux clairs, fils des Gaulois de Vercingétorix ou des Francs de Clovis.

Devant les Hongrois, les citadins ferment les portes des remparts. Les paysans, aidés par les soldats des châteaux, les chassent des plaines cultivées. Les bûcherons et les charbonniers leur interdisent les forêts en tendant des pièges et des embuscades.

Rejetés par tous, les barbares se réfugient sur les seuls territoires où ils sont tolérés, les lisières des bois, les FARGES en parler local de l'époque, aboutissement toponymique de FAGUS = bois, et de ORA, bordure, orée.

Peu à peu, les Hongrois s'établissent sur ces terrains incultes. Ils sont alors désignés : "ceux qui habitent sur la farge". Plus tard, quand ils seront baptisés, la désignation deviendra : "Pierre, Jean ou Antoine de la farge." "A partir du nom de l'habitation, l'anthroponyme se contractait et on pouvait se passer de la préposition" (Paul Lebel). Implication de cette règle: "Pierre, Jean ou Antoine Lafarge". (origine identique des Frages, Desfarges, Lasfarges, Fargeot, Fargetoux, Fargoux...)

Au cours des siècles suivants, les Lafarge s'intègrent à la population auvergnate. Autour de Mauriac, de nombreuses familles Lafarge habitent les vallées de l'Auze et du Mars. Près de Saint-Vincent, un hameau se nomme même "Lafarge", comme d'autres lieux-dits de l'Ouest et du Nord de l'Auvergne.

Les registres paroissiaux et les actes civils des XVème et XVIème siècles témoignent que les Lafarge appartiennent à toutes les classes de la société, sauf à la noblesse. Ils pratiquent les activités villageoises: charpentiers, forgerons, aubergistes, notaires, voituriers... Certains sont prêtres, mais les plus nombreux travaillent aux champs, labourent la noire terre volcanique et élèvent des bovins cuivrés, les salers.

Source : extrait des "Généalogies commentées de la famille Lafarge", de Pierre Lafarge, publiées dans La revue française de Généalogie n°15, 16 et 17 de août 1981 à janvier 1982



Géographiquement, les premiers Lafarge clairement identifiés dans les archives sont situés dans la vallée du Mars, dans la commune de Saint-Vincent (village de Colture), qui s'est scindée plus tard en deux communes Saint-Vincent-de-Salers et Le Vaulmier en 1839.

A ce jour les archives les plus anciennes que j'ai trouvées permettent de dater Mandon Lafarge né vers 1631 dans cette vallée, puis tous ses descendants jusqu'au milieu du XIXème siècle, vers 1850, naissaient et vivaient dans cette vallée.

C'est vers 1850 que les Lafarge se sont installés à Paris, dans le 11ème arrondissement, rue de la Roquette et rue de Lappe, pour se consacrer au commerce de métaux. On les appelait "les ferrailleurs". Tout ce quartier de Paris près de Bastille était occupés par des auvergnats, des cantaliens.
Les Lafarge se sont considérablement enrichis grâce à cette activité de vente de métaux, et ont progressivement migré vers d'autres arrondissements de Paris au début du XXème siècle, achetant des immeubles et devenant souent rentiers dans la première moitié du XXème siècle.

Une autre activité souvent retrouvée chez les Lafarge, ce sont les professions juridiques : avocats, juges, notaires. Déjà juristes dans le Cantal au XIXème siècle, ils ont continué et developpé ce domaine de compétence à Paris dès le début du XXème siècle.


© Guillaume Lafarge 2019